APS ET PSYCHIATRIE
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Présentation du C.A.P.S du centre hospitalier de St Egrève

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Message  Admin Mar 26 Fév - 15:02

Le [b]C.A.P.S[/b] (Centre d’Activités Physiques et Sportives) est un atelier qui fait partie de l’unité de soins Ergothérapie-Sociothérapie et propose des séances d’activités sportives à tous les patients de l’hôpital, ainsi qu’aux consultants externes. Notre rôle est de faire de ces séances un soin de psychiatrie. Ce document a pour but de présenter notre fonctionnement et d’expliquer notre de mode de prise en charge des patients.

[u]LE SPORT[/u] :
C’est le médiat avec lequel nous travaillons. C’est à dire [b]un outil [/b]que nous connaissons bien et dont nous utilisons les spécificités pour construire nos actions soignantes et éducatives. Il possède deux aspects particuliers auxquels nous nous intéressons: sa représentation sociale et le vécu corporel qu’il provoque lors de sa pratique.

Il est communément admis dans la société actuelle que le sport et sa pratique incarnent de nombreuses valeurs positives : hygiène de vie et prévention de certaines pathologies, développement des capacités physiques et sociales (combativité, endurance, esprit d’équipe…), accomplissement dans un projet personnel (faire le marathon de NewYork…) voire professionnel. En bref, le message que la plupart d’entre nous perçoivent, est que le sport permet d’être fort, en bonne santé, qu’il apporte reconnaissance (parfois admiration) et épanouissement. C’est pour ces valeurs là que les patients demandent à participer aux A.P.S. Pour la plupart ils ne cherchent ni à se confronter aux limites et aux difficultés engendrées par leur pathologie, ni à s’inscrire dans une quelconque démarche de soin. Nous avons conscience du décalage qui existe entre les attentes du patient apportées par l’aspect attractif du sport et nos désirs de soignant. Mais le sport nous apporte, entre autres, le premier élément d’une relation soignant-soigné : la rencontre, ou plutôt le terrain de la rencontre.

Mais le sport c’est avant tout un vécu corporel. Sauter, courir, tenir en équilibre sur un banc, le corps en mouvement structure l’espace qui nous entoure. Nager dans l’eau tiède d’une piscine, escalader une paroi rocheuse le dos au vide, être aux coudes à coudes avec les défenseurs de l’équipe adverse, le corps est en contact avec l’environnement. L’essoufflement, la douleur et la transpiration que provoque l’effort, puis le relâchement musculaire et le retour à une respiration calmée, qui procure parfois un sentiment de bien être et d’apaisement. Des sensations qui réhabilitent un corps vivant bien différent d’une mécanique au seul but fonctionnel. La pratique sportive invite et parfois oblige à habiter ce corps, qui perçoit, qui ressent, qui a ses possibilités et ses limites. Un corps qui est à la fois un contenant, une image de soi, un lieu de contact avec la réalité et le monde extérieur. Autant de liens pouvant être altérés par la psychose.

C’est essentiellement à partir des deux aspects conjugués de ce média que nous travaillons avec le patient. C’est la « matière » avec laquelle nous essayons de construire une relation aidante, et d’accompagner le patient dans sa progression à travers la maladie.

Mais le sport n’est pas un traitement en lui-même, il n’y a pas de soin sans situation de soin, et il n’y a pas de situation de soin sans intentions, compétences et relations soignantes.


[u][b]L'ACCESSIBILITE [/b][/u]:
Pour que cette situation de soin médiatisé ait lieu, il faut avant tout que le patient puisse y être présent. Voila pourquoi nous avons priorisé l’accessibilité. C’est un choix qui n’est pas sans désavantages. En effet, accepter un grand nombre de patients, sans liste d’attente (si matériellement nous ne pouvons accueillir tous les inscrits à chaque séance, nous proposons un tour de rôle ou une autre activité) sans présentation préalable, accroît les limites thérapeutiques de nos séances. Mais il nous semble que la spécificité de ce médiat et une certaine vigilance quant à la finalité de nos actions, nous autorise à accepter ces contraintes sans que l’activité ne tombe dans le pur occupationnel, aux dépens du soin.

Pour que les patients puissent accéder à cette prise en charge, quatre éléments doivent être présents:

Tout d’abord une structure : Bâtiment adapté, matériel et tenues nécessaires (les patients n’ont la plupart du temps aucun matériel), accès à des structures extérieures (piscine, terrain de tennis…), logistique (entretien du matériel, transport, budget de fonctionnement et d’équipement…), qui permettent de proposer aux patients 12 disciplines sportives différentes. Duelles, collectives, aquatiques, de plein air, à l’intérieur ou à l’extérieur de l’hôpital …. Cette palette permet à la fois de proposer une activité adaptée aux désirs et aux possibilités de chaque patient, et de créer l’occasion de le confronter à différentes situations.

Un fonctionnement et une organisation qui doivent tenir compte des exigences administratives, légales, médicales et matérielles, tout en essayant d’apporter une réponse positive au plus grand nombre de demandes de prise en charge.

Une équipe de soin et d’encadrement : formée d’un éducateur sportif spécialisé en Activités Physiques Adaptés, il est notre conseillé technique en matière d’APA, et de deux infirmiers ayant une expérience du travail en unité de soin de psychiatrie. Tous trois «sportifs pratiquants ». Il est important que nous soyons personnellement inscrits dans la pratique sportive. Non pas seulement pour souder une équipe pluridisciplinaire et trouver un terrain d’échange de nos savoirs et de nos pratiques. Ni même pour entretenir nos capacités physiques nécessaires à l’encadrement quotidien d’activités sportives. Mais pour pouvoir partager, communiquer et travailler avec le patient sur une pratique dont on a éprouvé les exigences, les bénéfices et le sens qu’elle peut prendre dans nos vies. Comment pourrait-on travailler avec quelqu’un, à qui l’on propose de s’exposer au vide (escalade) sans avoir conscience de ce que cela met en jeu ?

Le désir et l’adhésion du patient : Le patient pourra toujours être présent sur le lieu de l’activité s'il y est contraint, mais il ne participera que si cela correspond à son désir ou si cela a du sens pour lui. C’est là que la représentation sociale du sport joue son rôle, elle est souvent à l’origine de la demande du patient, et de son désir de participation. Même s’il n’est pas à l’initiative de la demande, le patient peut l’accepter et y adhérer à la condition que celle-ci lui soit présentée comme un soin. Pour cela une prescription médicale est indispensable. Elle a valeur de certificat de non contre indication à la pratique sportive (obligation légale), et surtout elle « officialise » la prise en charge, l’inscrit dans le projet de soin du patient tout en faisant le lien entre le médecin, son équipe et l’équipe des sports.


[u][b]LA FINALITE DE LA PRISE EN CHARGE AU CAPS[/b][/u]:

Participer à la réalisation du projet de soin du patient élaboré par son médecin référent et son équipe.

Pour cela nous essayons d’apporter deux choses :

Des éléments d’observations nouveaux, issus des différents contextes dans lesquels s’est trouvé le patient lors des activités. Ils sont nombreux et variés : En randonnée, loin de l’institution, de ses repères et de son rythme habituels. A la piscine, où l’on expose son corps à demi nu et où l’on partage le bassin avec le public que l’on doit considérer et respecter. Dans un match de volley-ball, où chaque ballon raté fait perdre un point à son équipe…. Chaque situation met en jeu différentes capacités. Qu'elles soient sociales, relationnelles, physiques ou cognitives…elles sont sources d’informations sur la problématique de la personne et de son évolution.

Ouvrir des brèches dans le fonctionnement pathologique à l’intérieur duquel est enfermé la personne. « Le soin en psychiatrie a pour ambition d’offrir au patient des situations qui sont sources d’ouverture et, ensuite, d’aider le patient à élaborer les émotions liées à cette ouverture » Pr Hochman (Congrès de l’UNAFAM à Clermont Ferrand).

Créer des situations d’ouverture, c’est ce que nous avons à l’esprit lors de l’élaboration et du déroulement de nos séances quelque soit la discipline sportive utilisée. Emmener les patients vers une découverte, de sensations, d’émotions, des différents aspects que revêt le monde qui les entoure et le lien que l’on peut créer avec lui, cela peut être occasionné par une randonnée en montagne. Envisager le corps différemment dans son intériorité et son extériorité, c’est l’objectif de nos séances de musculation ou de gym douce. Investir l’autre dans de nouvelles perspectives, est une situation souvent proposée, comme lors du choix d’un partenaire d’escalade à qui l’on va confier sa sécurité, ou d’un adversaire au tennis avec lequel on va accepter de se mesurer. Il est vrai que nos objectifs restent imprécis, mais ils tendent vers la construction de situations adaptées dans lesquelles la personne pourra choisir, expérimenter, agir et évoluer. Nous espérons ainsi participer dans la plupart des cas, au processus de changement dans lequel tout projet de soin engage le patient.


[u][b]COMMENT UNE SEANCE DE SPORT DEVIENT UNE SITUATION DE SOIN[/b][/u] :

Notre intention est donc bien de créer une situation de soin, à l’aide de notre médiat, de ses différentes possibilités, et à partir de ce que le patient va nous amener durant la séance. Nos actions sont empiriques, mais il y a des éléments que nous savons indispensables à la réalisation d’une situation de soin et qui vont structurer notre démarche.

Tout d’abord, la relation. C’est la qualité de celle-ci qui va déterminer notre impacte. Sans relation de confiance nous n’aurons que peu de chance d’accéder à la problématique du patient et d’avoir l’autorisation de ce dernier, de lui apporter notre aide. Là encore le sport est un atout. Durant nos séances nous pratiquons avec les patients. Nous exécutons avec eux les exercices que nous leur proposons. Nous nageons, courons, transpirons ensembles. En escalade nous sommes tour à tour grimpeur et assureur. Soignant et soigné sont dans les mêmes situations, obéissant aux mêmes règles, soumis au même effort. Nous sommes sur un terrain commun et c’est sur ce terrain que nous nous rencontrons, que nous échangeons, que nous créons une relation. On remarque que très souvent ce mode de relation n’est pas celui du soin pour le patient. Bien que nous nous présentions comme soignants, nous sommes envisagés avant tout comme « prof de sport ». C’est cette fonction là qu’ils investissent sur nous. La relation en est différente, à nous de l’exploiter.

Ensuite il y a la situation adaptée : pour tenter de la mettre en place, nous nous inspirons fortement des réflexions de D. Mautuit *) qui la définit ainsi : « une situation adaptée ouvre un espace d’action et de sensation dans une organisation facilitante ». Pour qu’une situation soit source d’ouverture, nous devons faire en sorte que celle-ci permette à la personne de pouvoir agir, expérimenter, choisir et évoluer, tout en tenant compte de ses difficultés et de ses capacités. Cela n’est pas simple, car nos séances accueillent des groupes souvent très hétérogènes, que ce soit sur le plan physique, cognitif ou psychique. L’organisation facilitante est basé sur 3 fondements: la sécurisation, la stimulation et la valorisation. Là encore, l’hétérogénéité du groupe accentue la difficulté principale, qui est de maintenir un équilibre entre ces 3 pôles. Malgré ces difficultés cette stratégie structure et cadre nos séances pour que celles-ci ne restent pas dans l’apprentissage sportif mais se dirigent bien vers des situations de soins.

Enfin, la verbalisation. Ecouter, reformuler, poser des mots sur les émotions, les réactions….C’est le moment où l’on aide à l’élaboration, à la prise de conscience, créer un lien entre la situation vécue et les difficultés, les capacités qui ont été mises en jeu. Ces temps là sont souvent informels. En fin de séance dans l’intimité du bureau, sur le bord du terrain après un événement, durant une randonnée où l’on reparle du vécu de la précédente…. Nous avions essayé par le passé, d’instaurer un temps de parole à la fin de chaque séance. Ce fut une erreur. « Je ne viens pas pour une psychothérapie… » nous avait dit un patient, soutenu par le reste du groupe. L’essentiel c’est qu’il y ait une place pour la parole et que celle-ci puisse être utilisée par tous.


[u][b]LIMITES ET PROBLEME DE CE CHOIX DE FONCTIONNEMENT[/b][/u] :

Prise en charge rapide (dès réception de la prescription), capacité d’accueil importante (pas de liste d’attente), groupe hétérogène, activités variées…cette accessibilité à nos activités, ne nous permet pas des prises en charge aussi « individualisées » que nous le souhaiterions. Nous ne travaillons qu’auprès de groupes de patients. Si chacun bénéficie d’une attention particulière en temps qu’individu, le suivi de chaque dossier et le travail en collaboration avec tous nos partenaires de soins, n’est pas possible pour tous les patients. Pourtant nous avons besoin de l’aide des médecins prescripteurs et des équipes référentes, pour orienter nos actions et nous inscrire dans le projet de soin du patient. Sans cela comment évaluer la pertinence de nos démarches ?

Par méconnaissance le sport est souvent réduit à une activité de loisir, et l’indication : occupationnel revient souvent. L’occupationnel (un terme générique qui cache beaucoup de choses) peut-être le point de départ d’une démarche soignante qui va se mettre en place au fur et à mesure de la prise en charge à la condition que celle-ci ne soit pas considérée par les équipes et le patient comme un simple passe-temps. L’évolution de la prise en charge peut être positive que s'il y a régularité et continuité.

La pratique d’activité sportive dans le cadre d’une démarche soignante ne convient pas à tous le monde. Bien que nous essayions d’adapter les séances aux capacités de chacun, nous devons rester dans une pratique sportive «vraie». Il ne s’agit pas d’exiger un niveau sportif minimum, mais chaque participant doit pouvoir accepter l’idée d’être dans l’effort ou d’éprouver de la fatigue. Parfois le sport n’est pas le bon médiat, il a ses limites.

L’équipe du C.A.P.S :
Bléchet Antoine (Educateur des APS)
Durand Thierry (IDE)
Rosa-puissant Denis (IDE)

* L’utilisation des A.P.S dans une démarche de changement » D. MAUTUIT Docteur en anthropologie de la santé[b]


Dernière édition par Admin le Mar 2 Fév - 12:24, édité 3 fois

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Messages : 8
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Message  Castelli Nicolas Ven 29 Fév - 12:12

Très tres bon ce petit résumé, que je garde au chaud d'ailleurs....
Et puis cette description de notre rôle me parait juste....
A très bientot
Nico

Castelli Nicolas

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